Il n'y a pas besoin de se creuser beaucoup la tête pour se douter que le gold farming peut entraîner des dérives inavouables. Cette pratique consistant à amasser des ressources dans les MMO pour ensuite les revendre contre des espèces sonnantes et trébuchantes vient en effet souligner les inégalités flagrantes entre les travailleurs des pays émergents et les consommateurs occidentaux. On a tous en tête l'image stéréotypée du gold farmer chinois, exploité dans une cave et vendant son temps pour un salaire de misère. Un récent article paru sur le site du Guardian nous apprend que la réalité pourrait être bien pire. En effet, le journaliste a rencontré un ancien prisonnier du camp de travail de Jixi, une ville située au nord-est de la Chine, et ses propos font froid dans le dos. Il décrit comment lui et 300 de ses codétenus étaient non seulement forcés de remplir divers travaux manuels, mais aussi de jouer à des MMO pour accumuler des ressources qui étaient ensuite revendues par les gardiens de la prison. Ces sessions de jeu n'étaient en rien des parties de plaisir, l'ancien prisonnier précise :
«Si je n'atteignais pas mes objectifs de travail, ils me punissaient physiquement. Ils me forçaient à me tenir debout les bras en l'air et, une fois de retour dans mon dortoir, ils me battaient avec des tuyaux en plastique. On continuait de jouer jusqu'à ce qu'on ne puisse pratiquement plus rien voir.»
Le journaliste du Guardian rappelle que près de 80 % des gold farmers sont situés en Chine. Ce type de témoignage a de quoi faire réfléchir plus d'un joueur de MMO tenté de débourser quelques euros ou quelques dollars pour faire en sorte que son personnage évolue plus rapidement.