20 novembre...1962: disparition de Philippe Kieffer.
Lorsqu’à l’été 1961, Philippe Kieffer était venu assister au tournage du film Le jour le plus long, il était apparu très fatigué. Il souffrait de divers ennuis de santé depuis quelques années, en particulier de problèmes cardio-vasculaires qui lui avaient déjà occasionné plusieurs AVC . En 1960, un très sérieux l’avait laissé hémiplégique à 10% des membres inférieurs et supérieurs gauche. Il souffrait également d’une sclérose aortique de 20% ce qui augmentait de manière très conséquente le risque d’accident cardio-vasculaire. Un autre AVC l’avait même surpris au volant de sa voiture, en plein Paris. Après plusieurs arrêts maladie, il avait dû prendre congé de son poste à l’OTAN en raison de son invalidité de 25%.
Il restait chez lui, soigné par Mme Tamburini, l’ancienne infirmière en chef du professeur Leriche. L’homme physique, l’homme d’action qu’il était, était très affecté moralement par cette maladie qui le diminuait physiquement. Millie déclara par la suite : « Depuis trois ans, mon mari était toujours malade. Il payait après coup les longues années de surmenage physique et moral qu’il avait vécues pendant la guerre. Sa seule distraction ces derniers temps, c’était la lecture. Et puis, il aimait par-dessus tout recevoir, chez nous, ses anciens compagnons de combat qui, fidèlement, venaient le voir » . Philippe Kieffer souffrait aussi de plus en plus de sa blessure à la cuisse reçue le 6 juin 1944, si bien qu’il devait se déplacer avec une canne : « Un souvenir du débarquement ! » disait-il…
Le 24 octobre 1962, il fêta son soixante-troisième anniversaire.
Le dimanche 18 novembre suivant, après la messe, il se rendit au bureau de vote de Cormeilles-en-Parisis pour le premier tour des élections législatives. À l’heure de prendre le repas, il se trouvait dans la salle à manger avec sa fille Dominique, tandis que Millie était dans la cuisine. Au moment de s’asseoir, ses mouvements se firent hésitants, il tenta de fléchir les genoux puis s’écroula. Appelée par sa fille, Millie arriva. Constatant la gravité de cette nouvelle attaque, elle envoya Dominique chercher Jean Thierry, un voisin qui vint immédiatement le relever et l’installer dans le lit de la chambre attenante. Philippe était paralysé. Il venait de faire un nouvel AVC. Millie, sentant que la fin était proche, demanda à sa voisine et amie la comtesse de Vogüe de rester à ses côtés pour la soutenir et la rassurer. Après deux journées et demi ainsi, le mardi 20 novembre 1962 à 20h, Philippe Kieffer s’éteignit dans les bras de Madame de Vogüe « dans une paix complète, totale ».
Extrait de "Philippe Kieffer - Chef des commandos de la France Libre" de Benjamin Massieu, Éditions Pierre de Taillac:
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