Aujourd'hui, place au "
Rythm and Blues"
La naissance du R'n"B...Le Rhythm'N'Blues est un terme générique désignant un style de musique issu du blues et du gospel.
Joué par des musiciens noirs au début des années 1940, ce style est d'abord appelé "race music" ("musique de noirs").
En 1949, conjointement à un article de Jerry Wexler dans le magazine américain Billboard qui en pose les bases,
le hit-parade de la "race music" devient le hit-parade du Rhythm'N'Blues.
Mariage du mot "rhythm", qui désigne un tempo accéléré et de "blues", qui rappelle la sacro-sainte règle du 12 mesures,
ce genre est l'apanage des orchestres noirs.
En réalité le rhythm'n'blues signifie moins une nouvelle forme d'expression musicale
que la cristallisation des barrières sociales dans l'Amérique des années 1940.
Jeunes Blancs et jeunes Noirs écoutent des musiques de plus en plus proches, mais ils ne le savent pas.
Le Rhythm'N'Blues sera le vecteur qui permettra à la musique noire d'irriguer la musique populaire blanche et de favoriser l'éclosion du rock'n'roll.
Les maisons de disques accompagneront fortement ce mouvement, passant, en l'occurrence,
du statut de labels indépendants spécialisés (comme Chess à Chicago ou Speciality à Los Angeles), à celui de puissantes majors, (comme Atlantic).
On distingue souvent trois courants dans le rhythm'n'blues :
- celui de New York et de Los Angeles, à base de petites formations et de chant "hurlé" dans la tradition des "blues shouters" ;
- celui du Sud et du Middle West, qui marque la synthèse du blues rural et de la guitare électrique ;
- enfin, celui des groupes vocaux, proches du doo-wop.
L'artiste qui incarne le mieux le rhythm'n'blues, dans ses origines comme dans ses influences, est sans conteste Louis Jordan.
Saxophoniste venu du jazz, dans la tradition swing, il pratique à partir des années 1940,
une musique appuyée sur le blues et développant des mélodies bien charpentées,
mais sur un mode répétitif et syncopé, qui est l'essence même du rhythm'n'blues.
Jordan chante souvent des textes salaces, mais dans un argot noir impénétrable au public blanc,
qui peut ainsi écouter sans risquer la condamnation des ligues de vertu.
D'autres artistes vont aussi préparer le chemin :
Fats Domino, pianiste dans la tradition boogie, ragtime et dixieland ;
Big Joe Turner et sa voix puissante de baryton hurleur.
Plusieurs de leurs chansons seront reprises par des artistes blancs
("Ain't That A Shame", de Fats Domino, par Pat Boone, Shake, Rattle and Roll par Bill Haley et Elvis Presley).
... à suivre ...